Vous êtes l'université : Alexis Gonin, responsable pédagogique d'un master novateur où la compréhension des mutations sociales et écologiques des territoires nourrit l'action.

Une formation innovante, mêlant géographie et sciences humaines et sociales, pour des étudiant·es engagé·es prêt·es à transformer les territoires

Publié le 4 mars 2022 Mis à jour le 9 mars 2022

Le Cursus Master en Ingénierie Transition Territoires Participation (CMI-TTP) est une formation ayant vu le jour en 2020 sous l’impulsion des laboratoires Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS) et Architecture, ville, urbanisme, environnement (LAVUE). Alexis Gonin, maître de conférences en géographie, actuellement au laboratoire LAVUE, nous en dit plus sur ce cursus innovant.

Alexis Gonin, maître de conférences en géographie, actuellement au laboratoire LAVUE
Alexis Gonin, maître de conférences en géographie, actuellement au laboratoire LAVUE Alexis Gonin, maître de conférences en géographie, actuellement au laboratoire LAVUE
Point COMMUN : Vous êtes actuellement responsable pédagogique du CMI-TTP. En quoi consiste votre rôle ?

Alexis Gonin : Nous sommes une équipe de coordination du CMI-TTP, une formation du département géographie-aménagement, inscrite dans les dynamiques de l’UFR SSA. Nous nous adressons aux jeunes de la génération climat, concernés par les mutations sociales et écologiques qui bouleversent nos sociétés et sont la grande affaire de leur génération. Comme nous tous, ces jeunes sont submergés par l’ampleur des mutations en cours. En tant que citoyens, ils se sentent concernés et veulent agir, mais sans savoir toujours par où commencer ni comment s’y prendre. Le CMI-TTP leur offre une formation et des métiers qui ont du sens pour eux. Voilà notre rôle : donner à nos jeunes le pouvoir d’agir. C’est la génération transition qu’il s’agit d’équiper en clés de compréhension du monde contemporain et en compétences pour mettre en œuvre le changement.


 

Le CMI-TTP est la seule formation en France à croiser l’ingénierie de projet et la participation dans une approche géographique orientée vers la transition. (source ⇒ le site cmi-ttp.parisnanterre.fr)



Le CMI-TTP a été co-fondé en 2020 par deux laboratoires présents à l’Université Paris Nanterre, le LADYSS et le LAVUE. Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet de création du cursus ?

Alexis Gonin : Nous avons travaillé durant deux années pour construire cette nouvelle formation. Elle est le fruit d’un trilogue entre chercheurs du LAVUE et du LADYSS d’une part, enseignants-chercheurs du département de géographie-aménagement d’autre part, et enfin acteurs de terrain. Pour concevoir notre maquette d’enseignement, nous avons échangé avec des chargés de missions en développement local des collectivités et des cabinets de conseil, des associations, des ONG… Pour monter cette nouvelle formation, le cœur de notre travail a été d’expliciter un projet pédagogique qui fasse le lien entre la recherche, la formation et les professionnels qui agissent dans les territoires. Ce projet a reçu l’accréditation du réseau inter-universitaire Figures, qui nous a délivré le label CMI. Le projet pédagogique du CMI-TTP parle à la fois aux lycéens qui veulent candidater chez nous, qaux professionnels qui nous accompagnent et recruteront nos diplômés et aux chercheurs et enseignants-chercheurs que nous sommes. Il fait le lien entre des enjeux sociétaux, des questions de recherche, et une progression pédagogique sur cinq ans. Les étudiants du CMI-TTP peuvent situer chacun de leur cours, TD, projets tuteurés, par rapport aux grands enjeux sociétaux. Savoir pourquoi on apprend : c’est une clé fondamentale de notre pédagogie.

En quoi cette formation est-elle particulièrement innovante ?

Alexis Gonin : Aucune autre formation ne réunit ingénierie de projet, démarches participatives, et analyse territoriale. Les trois piliers du CMI-TTP forment un ensemble profondément original. Le postulat pédagogique du CMI-TTP est particulièrement innovant : on peut mettre en œuvre les transitions sociales-écologiques qui s’imposent aujourd’hui grâce aux territoires, en mobilisant tous les acteurs à cette échelle. Durant les cinq années de leur formation, nos étudiants acquièrent des grilles d’analyse pour comprendre ce qui se passe dans les territoires, proposer des stratégies de transition, mettre en œuvre le changement grâce à une ingénierie de projet et de participation. Le format CMI est également innovant : une formation en ingénierie par la recherche-action et la recherche fondamentale. Le ressort de notre formation, ce sont les liens qu’elle ne cesse de tisser entre les laboratoires, les salles de cours, les territoires.

 

Un des points forts du master GAED est le nombre important de stages effectués à l’étranger (notamment en Europe, Afrique, Inde, Amérique du Sud). Cela s’explique par le fait que les enseignants-chercheurs du LADYSS et du LAVUE qui ont des terrains à l’étranger font bénéficier les étudiants de leurs contacts. (source ⇒ le site cmi-ttp.parisnanterre.fr)




Cette formation est concurrencée par les écoles d’ingénieur privées. Quels sont ses atouts par rapport aux cursus traditionnels en école d’ingénieur ?

Alexis Gonin : C’est plutôt nous qui concurrençons les écoles d’ingénieurs privées. Par exemple, les Chambres d’Agriculture, qui ne recrutaient au niveau Bac + 5 quasiment que des ingénieurs agronomes, recrutent aujourd’hui de plus en plus nos étudiants après leur Master 2 de géographie. De manière générale, les collectivités territoriales, les cabinets de conseil, les agences parapubliques, les associations, les ONG… se rendent compte qu’elles ont besoin du regard transversal des géographes, les seuls à déployer des analyses qui intègrent tous les enjeux et tous les acteurs d’un territoire. Cette reconnaissance est un succès. Par rapport à un cursus prépa puis école d’ingénieur privée, nous misons sur une pédagogie active (quatre projets tuteurés de terrain, trois stages), basée sur la coopération plutôt que sur la compétition. La charge de travail est équitablement répartie sur les cinq années de la formation. Nous formons à l’ingénierie par la recherche, les étudiants travaillent avec des chercheurs et enseignants-chercheurs experts dans leur domaine. Enfin, il faut le mentionner, les frais d’inscription universitaires bien inférieurs aux écoles privées permettent un recrutement qui reflète toute la diversité de la société et donne sa chance à chacun : c’est ainsi qu’en cinq ans nous formons des talents venus de tous les horizons. Face aux écoles d’ingénieur privées, nous affirmons notre différence. Nous sommes le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, et nous sommes fiers de l’être !

 

Les débouchés visés à Bac +5 correspondent à des postes de chargé.e.s de mission (développement local, aménagement du territoire, environnement, économie…), coordinateurs.trices de projets de développement local, ou de chargé.e.s d’étude (réalisation de diagnostics et d’évaluations). (source ⇒ le site cmi-ttp.parisnanterre.fr)



Quels sont les prérequis ainsi que le profil idéal d’un étudiant souhaitant s’inscrire au CMI-TTP ?

Alexis Gonin : Nous sélectionnons nos futurs étudiants sur leur motivation : il faut qu’ils se soient renseignés sur notre projet pédagogique, qu’ils sachent où ils mettent les pieds quand ils candidatent. S’ils ont compris qu’ils feront beaucoup de géographie, des sciences humaines et sociales, et qu’ils se préparent à agir avec les acteurs des territoires pour l’environnement, la réduction des inégalités, la démocratisation des gouvernances locales, alors nous retenons leur dossier. Nous recherchons des jeunes concernés, des jeunes engagés.

Mis à jour le 09 mars 2022