Vous êtes l'université : Geneviève Bergonnier-Dupuy, VP recherche, nous présente le label SAPS !

"Sciences Avec et Pour la Société"

Publié le 9 mai 2022 Mis à jour le 11 mai 2022

Bonne nouvelle ! Notre université est labellisée "Sciences Avec et Pour la Société" depuis avril 2022 ! Une belle réussite et de beaux projets en perspective pour notre université. Nous avons demandé à Geneviève Bergonnier-Dupuy, vice-présidente en charge de la recherche, de nous raconter comment nous avons obtenu ce label et tout ce que cela va nous apporter, tout ce que nous allons pouvoir mettre en place pour favoriser le dialogue entre sciences, recherche et société sur le territoire.

Point COMMUN : Pouvez-vous nous présenter le label "Sciences Avec et Pour la Société" ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a lancé, en mars 2022, un deuxième appel à projets pour obtenir la labellisation « science avec et pour la société » (SAPS), ouvert à l’ensemble des sites universitaires. L’objectif est de soutenir le développement de projets universitaires centrés sur le dialogue entre sciences, recherche et société.
L’obtention du label (pour 3 ans) et la dotation financière associée, visent à permettre, à l’échelle d’un site universitaire, la structuration des initiatives existantes et le déploiement de projets innovants, en partenariat avec les acteurs du système scolaire, les médiateurs scientifiques, les associations, les acteurs culturels, les médias, le tissu économique, les collectivités territoriales.
Le cahier des charges pour la réponse à cet appel de projets imposait :
un socle d’initiatives et d’actions et un engagement stratégique porté par l’équipe de gouvernance du site universitaire
une collaboration soutenue avec les collectivités territoriales et un partenariat fort avec les acteurs du territoire, acteurs de la médiation et de communication scientifiques, les acteurs associatifs, les médias
un processus d’auto-évaluation
Lors du premier appel à projets en fin 2021, 8 sites universitaires l’avaient obtenu. 12 autres sites viennent d’être labellisés dont l’Université Paris Nanterre.

PC : Nous faisons partie des 12 établissements labellisés SAPS lors de la deuxième vague. Pourquoi avons-nous engagé l’université Paris Nanterre dans une réponse[BdG1]  à cet appel à projets ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Il est important de replacer cette réponse dans un contexte plus général. Le dialogue entre sciences et société n’est pas nouveau et se pose certainement aujourd’hui avec encore plus d’acuité. La démocratie est confrontée aujourd’hui à de multiples défis environnementaux, sanitaires, sociétaux, avec la nécessité de s’adosser à l’expertise scientifique. Dans le même temps, on voit apparaître une remise en cause des apports de la science, une distance croissante entre les citoyens et les représentants élus, la montée de l'extrémisme et une polarisation politique et sociétale croissante autour des sujets essentiels et brûlants pour notre avenir.  
En tant que professionnels de la recherche et de la formation, les universitaires sont de plus en plus sollicités à s’engager dans le débat démocratique pour affirmer les savoirs scientifiques mais aussi dialoguer sur leurs limites et les questions qu’ils soulèvent. La communauté scientifique, dans son ensemble, est ainsi aujourd’hui amenée à faire évoluer sa relation avec la société. Les sciences humaines et sociales doivent prendre leur part dans cette dynamique en faisant connaître leur potentiel de recherche à l’œuvre dans l’analyse des problématiques environnementales, technologiques et sociales actuelles.
Avec ses valeurs, son potentiel de recherche, la pluralité des disciplines (SHS et sciences), l’importance accordée à la diversité des démarches de recherches et son ouverture sur le monde du plus proche au plus lointain, il me semble que l’Université Paris Nanterre, en collaboration étroite avec La contemporaine et la MSH Mondes, peut et doit y contribuer. De nombreuses actions SAPS existent déjà mais restent finalement, pour la plupart, peu visibles. Il importe aujourd’hui d’aller plus loin et de structurer, à l’échelle de notre site, une stratégie SAPS, réaliste, cohérente mais néanmoins ambitieuse.  
La présidence a donc posé le projet Science avec et pour la société (SAPS) comme un des chantiers prioritaires des prochaines années, en accord avec le contrat de site Université Paris Nanterre et COMUE Paris Lumières et la réponse UPL PIA 4 Excellences sous toutes ses formes Fabrica Mundi. En 2021, l’état d’avancement du projet a été présenté aux instances de l’université (CAC, CA et collège des directions des unités de recherche).

PC : Quel projet avons-nous porté, dans les grandes lignes, pour obtenir ce label ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Nous avons essayé de proposer un projet ajusté à la réalité de notre site universitaire et de notre écosystème territorial. Il consiste en la création d’un observatoire Science avec et pour la société et le développement d’actions selon trois grandes lignes directrices : observer, rencontrer et partager. 
Les différentes missions de l’observatoire Science avec et pour la société permettront, je l’espère, de favoriser l’appropriation des dimensions de la relation entre sciences, recherche et société, de penser la cohérence des initiatives concrètes et de susciter et accompagner des processus de travail collaboratifs entre enseignants-chercheurs, chercheurs, étudiants et partenaires.
Pour l’axe Observer, nous allons enfin pouvoir reprendre le travail de cartographie des activités des unités de recherche (dont les activités SAPS), entamé en 2021 mais ralenti par le manque de financement. Nous souhaitons compléter cela par la réalisation d’une application web, conçue comme un outil simple et pérenne d’interconnaissance, à l’intérieur et à l’extérieur du campus.
Pour l’axe Rencontrer, notre objectif est de mettre en place des dispositifs simples et efficaces permettant d’accompagner l’ensemble de la communauté scientifique à aller à la rencontre les acteurs du territoire et des citoyens pour « partager la science ». Nous avons identifié trois directions de travail : (1) le dialogue avec et par l’intermédiaire des médias, (2) l’échange et la sensibilisation à la recherche auprès des publics scolaires et des publics éloignés et peu sensibles à la « vérification des faits », (3) l’organisation d’un festival annuel dans et hors campus, ouverts à tous, incluant la fête des jeunes docteurs.
 
L’axe Partager concerne tout particulièrement les sciences et recherches participatives et la co-construction des savoirs. Cette dimension participative est déjà à l’œuvre dans les travaux de nos chercheurs. Nous allons créer la chaire « Sciences avec la société pour le monde démocratique de demain » centrée sur la jeunesse et adossée à la Fondation UPN. Cette chaire comportera plusieurs programmes d’activités distincts et articulés entre eux : la création d’un jeunes HUB (s’exprimer, se rencontrer, créer) et d’une clinique de la participation démocratique des jeunes. Un projet de recherche sur les processus participatifs/de délibération mis en œuvre et générés par la Chaire sera mis en place. Cette initiative est complémentaire du projet de création d’un Youth Integration lab, porté par Nanterre, dans le cadre du renouvellement de l’alliance EDUC.
 
 PC : Nous avons obtenu une dotation de 225 000 € pour l'année 2022, et nous sommes labellisés pour une durée de 3 ans. Concrètement, quelles pourront-être les utilisations de cette dotation ? Quels seront les bénéfices concrets pour nos étudiants et personnels ?
 
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Je ne peux, en quelques mots, décliner l’ensemble des projets que nous envisageons déjà. Mais comme nous avons dû, dans le cadre de la réponse au label, décliner un ensemble d’actions en collaboration avec nos partenaires, en voici quelques exemples inclus dans l’axe Rencontrer. Nous allons diversifier les projets de collaboration avec The Conversation (formation des chercheurs et doctorants au dialogue avec les médias…), créer un canal Web spécifique SAPS Dialogues avec la société. Nous allons développer un partenariat avec la chaine L’Esprit Sorcier pour développer un programme annuel d’émissions Les sciences humaines et sociales pour comprendre le monde. Mettre en place également l’accompagnement et la protection des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des doctorants face aux risques potentiels liés aux activités SAPS. Avec l’association Les petits débrouillards, nous envisageons organiser des cafés des sciences. Nous diversifierons nos activités de médiation scientifique en collaborant avec d’autres acteurs de la CSTI (N.d.l.r Culture scientifique, technique et industrielle)… Et évidemment, l’organisation du festival annuel pour lequel nous aurons besoin de la mobilisation du plus grand nombre. Et là, tout est à créer !

PC : A Nanterre, qui va travailler sur le projet SAPS ? Quels services et composantes sont concernés ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Le travail de préparation de la réponse à l’appel à projets a été réalisé par la vice-présidence chargée de la recherche, à partir des informations données par les directions des unités de recherche et d’échanges soutenus avec des collègues déjà engagés dans des activités SAPS. D’autres vice-présidents sont déjà mobilisés, je pense tout particulièrement au VP Partenariats. Le conseil des directions, le collège doctoral et le collège des directions des unités de recherche seront également associés.
Nous sommes actuellement au travail pour mettre en place la gouvernance et l’organisation opérationnelle du projet : recrutement d’un chef de projet, comité stratégique, groupe de travail de l’observatoire, chargés de mission pour chaque axe… Potentiellement et selon les projets, l’ensemble des services administratifs de l’université pourront être sollicités. Mais, je pense tout particulièrement aux directions de la recherche (DRED), de la communication, au SCD, à l’ACA2… sans oublier La contemporaine et la MSH Mondes. Et aussi, je l’espère, des associations étudiantes.

PC : Notre territoire va-t-il être impacté en termes de culture scientifique ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : La notion d’un impact de l’action des universitaires me gêne un peu. L’idée n’est pas d’adopter une position en surplomb mais plutôt de casser la verticalité dans la diffusion des connaissances. Nous devons apprendre pour les uns, poursuivre et améliorer pour les autres, ce dialogue avec la société. Dans tous les cas, co-construire avec d’autres professionnels et avec les citoyens eux-mêmes. Eh oui, il sera important d’évaluer ce que produisent nos actions ! Ce sera d’ailleurs une des missions de l’observatoire.    
 
PC : De nouveaux partenariats vont-ils voir le jour ? Des partenariats existants vont-ils être renforcés ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Nous sommes une université avec une identité forte et ancienne, à dominante sciences humaines et sociales, située en Ile-de-France, à Nanterre, dans le département des Hauts-de-Seine, à côté du quartier de la Défense, plus grand quartier d’affaires européen. Nous sommes sur un territoire très marqué par des espaces urbains contrastés, une grande diversité en matière de bassins de population, entre habitants des communes environnantes (milieux sociaux, habitats, conditions de vie et accès à la culture très contrastés) et usagers du quartier d’affaires de la Défense…
 
Nous allons bien sûr collaborer avec les partenaires associés de l’université Paris Lumières (institutions patrimoniales et culturelles, établissements de formation en travail social) mais aussi avec la mairie de Nanterre et la direction du quartier de la Défense. Nous avons déjà des collaborations avec le département des Hauts-de-Seine et la région Ile-de-France. De nombreux partenaires ont tout de suite adhéré à notre proposition de collaboration (fondation CASH de Nanterre, INJEP, La ligue de l’enseignement, associations…) et depuis l’annonce de la labellisation, d’autres nous interpellent. En fait, nous avons reçu l’aide des unités de recherche qui ont activé leurs réseaux partenariaux à propos du projet de l’université. Mais rien n’est figé et il faudrait poursuivre ce mouvement.

PC : Enfin, pour vous, qu'est-ce que cela représente d'avoir obtenu cette labellisation ? Ce que vous aimeriez le plus réussir à réaliser dans le cadre du label SAPS ?
Geneviève Bergonnier-Dupuy : Pour moi, cette labellisation est une réelle opportunité. Elle nous identifie comme une des premières universités reconnues, SHS de surcroit, dans sa capacité et sa volonté de contribuer au dialogue sciences, recherche et société. Le financement associé sur 3 ans (225k/an) va nous y aider et ce n’est pas négligeable.
En réalité, ce qui m’intéresse surtout, c’est le mouvement actuel au sein des universités françaises à propos de ce dialogue. Pour moi, la relation science-société doit être pensée comme une dimension essentielle de l’activité des enseignants-chercheurs, chercheurs et doctorants, pouvant permettre de nourrir les décisions à quelque niveau que ce soit et plus largement le débat démocratique.
Il est important de préciser l’esprit dans lequel nous concevons la mise en place de ce projet. Il ne s’agit en aucun cas d’imposer mais plutôt d’impulser un mouvement, d’accompagner les personnels et les étudiants qui le souhaitent à s’engager dans cette voie. Nous proposons des dispositifs transversaux dans lesquels chacun, à la mesure de son intérêt et son engagement, peut trouver une place, proposer une contribution...
Cela va nécessiter de communiquer pour bien expliquer l’ensemble du projet. Il ne pourra pas voir le jour sans la mobilisation de la communauté nanterroise. Nous allons apprendre et progresser en marchant. C’est cela que j’aimerais que nous réussissions ensemble.

Mis à jour le 11 mai 2022