Vous êtes l'université : A la rencontre des agents de sécurité universitaire

Les métiers méconnus de l'université

Publié le 30 mai 2018 Mis à jour le 3 octobre 2018

Vous les avez sans aucun doute déjà croisés à l'Université Paris Nanterre, ces hommes en bleu à l'air toujours sérieux. Mais connaissez vous réellement leur rôle, leurs missions, leurs compétences et leur quotidien ? Point COMMUN est allé à la rencontre de ces agents à la fois très connus et méconnus de l'université : les agents de sécurité universitaire !

Point Commun : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre fonction au sein de l'université ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Jean-Luc : J'assure actuellement en intérim les fonctions de responsable de la sécurité et de la sûreté. Je suis à l’Université Paris Nanterre depuis 9 ans, j’ai été adjoint au précédent directeur Jean-Luc Guinot pendant deux ans. J’ai un parcours atypique, avant d’arriver à l’université j’ai été chef de service dans le domaine bancaire, j’ai été directeur financier pendant une dizaine d’années, et j’ai géré ma propre entreprise dans l’automobile pendant 10 ans.
Mes missions à l’Université ? Gérer l’intégralité de la direction de la sûreté et de la sécurité incendie (DSSI) et veiller à la sécurité des personnes et des biens au sein de l’UPN sur les sites de Nanterre, Ville d’Avray et Saint-Cloud. Je représente également le président de l’université aux commissions de sécurité préfectorales et communales. Je suis aussi jury de concours pour certains lycées professionnels du département et je gère les stagiaires du service USG. 

Fabrice : Je suis opérateur de prévention et de surveillance depuis 2003 à l’Université Paris Nanterre.
J’ai été titularisé en 2008. J’ai un bac pro ébénisterie et j’ai travaillé 5 ans dans la restauration avant d’arriver à l’université.

Jean-Pierre : Je suis responsable de l’Unité de Sécurité Générale (USG) et adjoint de Jean-Luc.
Je suis arrivé à l’université Paris Nanterre en tant que magasinier en 1999. En 2000, le service USG a été créé par Jean-Luc Guinot à l’Université Paris Nanterre. Auparavant, des agents de sécurité étaient déployés en cas de besoin depuis la Sorbonne mais le service n’existait pas sur place. J’ai donc rejoint le service à sa création !
J’ai également eu un parcours atypique avant, je suis menuisier-charpentier de métier, j’ai été 7 ans dans la marine nationale en qualité de marin-pompier embarqué. De 1987 à 1993 j’ai assuré la sécurité du patron de l’Oréal et de 1993 à 1999 j’ai travaillé en tant qu’agent de sécurité dans une clinique et également en tant que brancardier au bloc opératoire, un poste passionnant ! J’ai également enseigné pendant 10 ans à l’université auprès d’élèves en CAP Agent de prévention et de sécurité.


Pouvez-vous nous présenter l’équipe et son fonctionnement ?

Jean-Luc : L’équipe est composée de 12 personnes. Une équipe du matin est présente de 9h à 17h, et une équipe de l’après-midi est là de 13h à 20h. Un adjoint est toujours présent.
Il y a également une cellule d’appui composée de deux personnes qui s’occupe de la sûreté matérielle, du contrôle d’accès (gestion des cartes d’accès aux locaux et aux parkings par exemple) et de tout l’aspect vidéoprotection sur l’université.
Après 20h et en week-end, c’est une société de gardiennage externe qui prend le relais. Il y a une présence à l’université 24h/24, 7j/7. La mission première de l’équipe est la prévention : anticiper les situations à risque, éviter les départs de feu et les accidents. Les agents fonctionnent toujours en binôme et les équipes sont réparties sur deux secteurs sur le campus afin de réagir le plus rapidement possible lors des interventions.
En temps normal, 70% des interventions des agents concernent l’assistance aux personnes (malaises par exemple).
Ensuite il y a les interventions sur les débuts d’incendie, la vérification du matériel de première intervention (extincteurs, déclencheurs d’alarme), le contrôle visuel des issues de secours, des portes anti-incendie…
Nous intervenons aussi sur les actes d’incivilité et les conflits entre membres de la communauté universitaire. Nous pouvons nous interposer physiquement et nous recueillons les dépôts de plaintes administratives qui peuvent ensuite être transformées en plaintes pénales.

Jean-Pierre : Notre rôle est aussi d’assurer une présence, de rassurer. En période vigipirate, on nous dit souvent que notre présence est rassurante lorsque l’on effectue des permanences à l’entrée des bâtiments.
Pour ma part je suis logé sur place, près de la bibliothèque, lieu classé à haut risque en terme de sécurité incendie. Je peux ainsi intervenir immédiatement en cas de problème.

Fabrice : Je suis également logé sur place ! On a aussi des missions ponctuelles : on assure la bonne organisation des inscriptions, on sécurise les instances à l’université, et on assure la sécurité événementielle sur un grand nombre d’événements comme "la nuit des idées" ou les "Marmites Artistiques". Par exemple on est présents sur le "TOL" (test d'orientation en langue) qui a lieu le samedi à l’université et qui mobilise 10 amphis sur 4 bâtiments et qui accueille jusqu’à 9000 lycéens.
On assure une présence de 8h à 20h au PC Sécurité, que la communauté contacte en cas de problème. C’est le PC qui contacte ensuite les pompiers ou le SAMU en cas de besoin. De 20h à 8h c’est le prestataire externe qui prend le relais.



Depuis le 9 avril, on peut dire que l’Université Paris Nanterre a connu une période de crise. Qu’est-ce que cela change pour vous ? Les effectifs ont-ils pu être adaptés ? Avez-vous des tenues spéciales pour vous protéger ? Les horaires sont-ils impactés ? Et moralement comment cela se passe-t-il pour vous ?

Fabrice : En temps de crise ou en temps normal, la mission de l’USG est claire, c’est un service neutre qui assure la sécurité et la sûreté de tous et toutes à l’Université Paris Nanterre. Nous ne prenons pas parti et n’avons qu’un seul objectif : qu’il n’y ait pas d’accidents ou de blessés sur le campus. Nous vérifions donc toujours les libres accès aux issues de secours, même dans les bâtiments occupés, les extincteurs, les déclencheurs manuels, les portes coupe-feu…

Jean-Luc : Nous n’avons pas de tenue spécifique. Les agents ont fait en moyenne une centaine d’heures supplémentaires chacun depuis le début de la crise. L’équipe est entièrement mobilisée et ne peut pas forcément poser de congés par exemple. Nous sommes renforcés par notre prestataire extérieur, parfois jusqu’à 8 à 10 personnes par jour car nous ne sommes que 12 pour une communauté de plus de 30 000 personnes.
Dans une période comme celle-ci le stress est fortement accru mais bien géré par l’équipe qui a de l’expérience et une certaine maturité (moyenne d’âge 35-40 ans). Les agents de sécurité savent garder leur calme même dans les situations les plus tendues et ont avant tout un rôle de sécurisation par la médiation et la prévention. Nous ne sommes pas armés, notre rôle n’est pas offensif. L’uniforme peut parfois avoir un côté réducteur alors que l’équipe est extrêmement compétente, diplômée, mature et efficace. Ne vous fiez pas aux apparences !

Fabrice : C’est aussi la manière de penser de Jean-Luc qui se ressent sur l’état d’esprit de toute l’équipe. On ressent aussi que l’équipe présidentielle nous accorde sa confiance ainsi que la communauté. On sent une vraie reconnaissance du personnel, et on discute également beaucoup avec les étudiants. La situation particulière fédère en quelque sorte. Notre communauté est solidaire.
Pendant cette période, nous sommes dévoués corps et âme à notre travail, nous avons moins de temps pour notre famille et nos enfants mais notre mission nous tient vraiment à cœur.


Malgré tout, qu’est-ce qui vous plait dans votre métier et sur le campus de Nanterre ?

Jean-Luc : La convivialité, l’ambiance générale au sein de l’équipe et dans la communauté. J’aime également beaucoup l’aspect prévention, c’est un métier valorisant car nous participons concrètement au bien-être et à la sécurité de l’ensemble des membres de la communauté.

Fabrice : Il n’y a pas d’individualisme, nous sommes tous complémentaires au sein de l’équipe. Ce que je préfère c’est ce travail d’équipe qui est rendu possible grâce à un bon management et à la confiance que place la communauté et la hiérarchie en nous.
D’ailleurs je voulais en profiter pour avoir une petite pensée pour les autres membres qui ne participent pas à cet interview : Kioma, Théo, Djamel, Chérif, Hédi, Médhi, John, Yahia, Issa, et les deux membres de la cellule d’écoute Didier et Jean-Luc P.

Jean-Pierre : Pour ma part je rajouterai aussi que j’aime beaucoup le cadre de l’université. Je suis co-président de l’association LABEESS, je m’occupe du jardin partagé, je participe à l’organisation de la semaine Européenne du Développement Durable à l’université. On va organiser des ateliers ouverts aux enfants sur le jardin ! Je m’occupe également du rucher (Ndlr : on nous glisse que le surnom de Jean-Pierre est « Maya l’Abeille »).
 
 
Pour conclure, un petit mot pour notre communauté et nos lecteurs et lectrices ?

Fabrice : Nous sommes des agents de sécurité universitaire, pas des vigiles !

Jean-Luc : Soyez conscients que nous sommes au service de tous et toutes. N'hésitez pas à venir discuter avec nous si vous avez des questions !

Un grand merci à Jean-Luc, Jean-Pierre et Fabrice d’avoir répondu aux questions de Point COMMUN et merci à toute l’équipe Jean-Luc, Kioma, Théo, Djamel, Chérif, Hédi, Médhi, John, Yahia, Issa, Jean-Pierre, Fabrice, Didier et Jean-Luc P. de votre présence, votre professionnalisme et de votre bonne humeur quotidienne !

 

Mis à jour le 03 octobre 2018