Vous êtes l'université : à la découverte des métiers de La contemporaine

Les métiers méconnus de l'université

Publié le 23 juillet 2021 Mis à jour le 10 novembre 2021

Les équipes et les collections de La contemporaine déménagent vers leur nouveau bâtiment, que l'on peut apercevoir dès la sortie du RER Nanterre Université. Véritable bijou d'architecture, ce nouveau havre de connaissances accueille tous les publics dès l'automne 2021. On profite de cette occasion pour aller à la rencontre de Frédérique, Julien et Léone qui travaillent dans différents services et domaines de La Contemporaine. On parie que vous ne soupçonniez pas que cette palette de métiers existait au sein d'une bibliothèque. Et pour cause, La contemporaine est bien plus qu'une bibliothèque de recherche ! Découvrez l'interview pour en savoir plus.

Point COMMUN : Bonjour et merci de répondre aux questions de Point COMMUN ! Pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre parcours professionnel ? Quelle est votre fonction au sein de la contemporaine ? En quoi cela consiste-t-il ?

Julien Gueslin, Responsable du département du Musée (Invalides) :
Je suis responsable du département du musée. Le "Musée", comme on l'appelle, s'occupe de toutes les collections inconographiques de La contemporaine : peintures, gravures, objets, sculptures, affiches, photographies...
Je suis historien de formation, spécialiste de l'Europe centrale et orientale, et conservateur des bibliothèques. J'ai travaillé à la BnF, sur le projet Gallica, et après un bref passage à Lyon 3, à la BNU, à Strasbourg, comme responsable du pôle sciences humaines. J'ai rejoint La contemporaine en 2019, une institution que je connaissais et chérissais particulièrement puisque je l'ai fréquentée comme étudiant et chercheur pendant 15 ans !

Léone Gerber, Régisseur d'exposition : Diplômée en arts plastique, j’ai eu une pratique artistique professionnelle pendant plusieurs années. Puis j’ai voulu être partie prenante dans les projets de conservation et de transmission des œuvres d’art dans les institutions culturelles publiques. Je me suis donc reconvertie il y a cinq ans afin de devenir régisseuse d’œuvres. J’ai été assistante régie pour le Frac Île-de-France, j’ai participé aux montages et aux démontages d’expositions au Grand Palais à Paris puis j’ai été chargée de collection au Frac Centre-Val-de-Loire.
A La contemporaine depuis septembre 2020, je suis régisseuse d’expositions. J’assure la gestion administrative et logistique des mouvements d’œuvres pour la future exposition permanente, L’atelier de l’histoire, et pour les prochaines expositions temporaires. Je veille à la sécurité des œuvres, à leur bonne conservation durant l’exposition mais aussi pendant les opérations de manutention pour l’emballage, l’accrochage et leur transport.

Frédérique Baron, Responsable de la formation et de l'action culturelle : J'ai été enseignante de lettres-histoire dans des lycées professionnels de l’académie de Rennes avant de passer le concours de conservateur des bibliothèques en 2005. J'ai d'abord travaillé à Nantes, à la bibliothèque municipale, comme responsable des fonds patrimoniaux, puis en bibliothèque universitaire, à Paris Sorbonne. Je suis arrivée à La contemporaine en 2017, où je suis responsable du service formation et action culturelle. Je coordonne l'ensemble des actions de formations, des classes de 3ème au doctorat, avec la mise en place d'ateliers d'initiation et de découverte des collections. On travaille en étroite collaboration avec les enseignants chercheurs de l'UPN bien sûr, mais aussi avec d'autres universités, notamment Paris 1. Et on compte
développer nos partenariats avec les collèges et lycées des environs.


PC : Que préférez-vous dans votre métier au quotidien ?

Julien :
Le travail avec les collections, le fait de les valoriser et de les mettre à disposition des publics, chercheurs, institutions et grand public

Léone : Dans le métier de régisseuse la proximité avec les œuvres est un véritable privilège. J’apprécie aussi la diversité des interlocuteurs qui permet l’échange de points de vue et d’expertise selon les domaines : commissaires d’exposition, scénographes, restaurateurs, transporteurs, installateurs, etc… En somme, tous les intervenants de la chaîne permettant de mener à bien les projets d’expositions et de conservation des œuvres.

Frédérique : Découvrir les fonds d'archives, les sources audiovisuelles. Les entretiens avec les témoins d'événements historiques me touchent toujours beaucoup.



PC : La contemporaine a récemment déménagé dans de nouveaux locaux, une sacrée machine logistique a été mise en place pour réussir à déplacer des bureaux, mobiliers, équipements mais surtout des centaines de milliers d’œuvres et ouvrages. Combien de temps a-t-il duré ? Comment s'est passé pour vous ce déménagement, que l'on imagine à la fois exaltant et éprouvant ? Qu'est ce que cela change pour vous ? Avez-vous une anecdote particulière à nous raconter sur le déménagement ?

Julien :
Le département du musée qui était herbergé jusqu'alors sur le site des Invalides à Paris a été particulièrement concerné par le déménagement des collections. Il a fallu plus de 6 semaines pour transférer des milliers d'objets, d'affiches, de peintures... des collections à la fois précieuses et fragiles. Comme les espaces des Invalides n'étaient pas très accessibles (nos locaux se trouvaient dans des étages élevés, sans ascenseur) il a fallu évacuer les collections à l'aide d'un monte-charge. Le déménagement a connu son lot de moments spectaculaires, avec le passage de râteliers de peintures par les fenêtres du 3ème étage, le dôme des Invalides en toile de fond. L'équipe du musée a été très mobilisée aux côtés des déménageurs, on est tous assez épuisés en cette fin d'année, mais l'effort en valait la peine. Les collections ont maintenant rejoint de nouveaux magasins modernes, adaptés aux normes de conservation.

Léone : Les opérations de déménagement, c’est-à-dire le transfert matériel des collections et des bureaux, a duré un mois et demi avec l’aide de deux sociétés spécialisées : l’une dans les archives, l’autre dans les œuvres d’art.
Même si nous étions nombreux sur le pont, ce déménagement a nécessité beaucoup d’énergie. Il fallait être présent sur les 3 sites de La contemporaine durant cette période afin de coordonner l’ensemble des mouvements des collections et les sociétés de déménagement. En effet, des opérations se déroulaient en même temps dans la tour sur le campus universitaire avec les collections archives et imprimés, à l’Hôtel National de Invalides à Paris avec les collections du musée et bien évidemment dans le nouveau bâtiment à la sortie du RER de Nanterre-Université. Notre rôle auprès des déménageurs était de veiller au respect du prélèvement et de la réimplantation des collections dans un ordre prédéfini.
La préparation d’un déménagement de cette envergure est très importante. Elle a mobilisé l’ensemble des équipes de La contemporaine sur plusieurs années. Ce travail a permis d’identifier et quantifier les collections, le mobilier et la documentation professionnelle à transférer. Il nous a fallu calculer les volumes et mètres linéaires des collections, chacune avec leur particularité, afin de prévoir leur installation dans le nouveau bâtiment et dans de nouveaux mobiliers de stockage en anticipant les problèmes qui pourraient survenir. Pendant plusieurs mois, les équipes ont préparé les collections pour optimiser leur conditionnement et leur futur stockage.
Il reste encore quelques opérations en interne à réaliser comme le transfert des microfilms afin que le déménagement soit complètement achevé.

 


PC : Qu'est-ce que vous préférez dans le nouveau bâtiment ?

Julien : Sa fonctionnalité, son vaste hall qui donne une impression à la fois agréable et solennelle et dessert parfaitement les espaces : salle de lecture, espaces d'exposition, salles de formation et locaux professionnels.

Léone : Ce nouvel équipement avec sa magnifique salle de lecture et ses salles d’expositions attend son public car il n’a en effet pas de sens sans lui. Les nouveaux espaces de stockage sont bien mieux adaptés pour la conservation des collections et prennent en compte leur futur accroissement avec des espaces laissés libres.

Frédérique : Le parcours permanent, l'Atelier de l'histoire, qui est une vraie nouveauté pour La contemporaine !



PC : Qui dit nouveau bâtiment, nouvelle infrastructure, dit possibilité de nouveaux projets, de nouvelles perspectives ! Que nous prépare de beau la Contemporaine pour l'année à venir (ou plus tard !) ?

Julien :
En tant que co-commissaire, j'ai particulièrement hâte de voir ouvrir l'Atelier de l'histoire, le parcours permanent de La contemporaine : un musée pour comprendre comment et à partir de quelles sources s'écrit l'histoire. Cela fait 40 ans qu'il n'y avait plus de musée à proprement parler aux Invalides, uniquement des expositions temporaires. L'Atelier de l'histoire, c'est un outil de rayonnement important pour La contemporaine, à destination du campus mais aussi du grand public de Nanterre et des environs.
J'ai aussi hâte de retrouver la programmation d'expositions temporaires, à partir de 2022 qui permet de découvrir les richesses de nos collections.

Léone : La contemporaine se dote d’un espace d’exposition permanente et d’espaces d’expositions temporaires au sein même de l’Université. L’exposition permanente, L’Atelier de l’histoire, accueillera le public dès la réouverture de La contemporaine et retracera l’histoire de ses collections. A partir de 2022, se tiendra une exposition temporaire consacrée au photographe de presse Elie Kagan.

Frédérique : Et bien justement, toutes les possibilités de médiation que l'on envisage autour de ce parcours d'exposition permanent dans le cadre de l'action culturelle : des visites, des rencontres autour d'une pièce emblématique, des parcours thématiques, des projections...



PC : Est-ce qu'il y a un dispositif à la Contemporaine qui, selon vous, mériterait d'être mieux connu de notre communauté universitaire ?

Julien :
La contemporaine a une image de bibliothèque de recherche, destinée à un public très spécifique. Or la salle de lecture est accessible à toute personne intéressée par les collections, que l'on soit chercheur, étudiant ou passionné d'histoire. Et notre exposition permanente, gratuite, est elle aussi ouverte à tous.

Frédérique : Les formations ! Les ateliers de découverte des collections que l'on propose gagnent vraiment à être connus. On a pu proposer par exemple aux étudiants un cursus sur Sports et guerres au XXème siècle, sur l'histoire des femmes au XXème siècle à travers nos fonds ou encore sur les Etats-Unis dans les années 1960. A la rentrée, pour la première fois, on proposera aussi des séances dans le cadre de l'Université permanente, une initiation aux matériaux (archives écrites et orales, photographies, peintures, gravures, objets, affiches) qui au cours du 20ème siècle ont acquis le statut de sources pour l'historien.



PC : Coup de cœur : avez-vous une œuvre / un objet / un ouvrage / une expo coup de cœur que l'on peut voir à la Contemporaine ?

Julien :
Je pense à la Montée au front, le grand tableau de Pouzargues qui est accroché dans l'escalier central. Peint à la fin des années 1930, il illustre de manière humaine et sensible l'engagement et la vie des soldats sur le front. Pouzargues est d'ailleurs originaire de Courbevoie, juste à côté d'ici, tout un symbole que ce retour aux origines !

Léone : Les dessins de Henri Camus pendant la Guerre de 14-18.

Frédérique : Je ne sais pas si on peut parler de "coup de cœur" à proprement parler mais je pense à toutes les découvertes que je fais pour préparer les formations. Dans le désordre et sans réfléchir :
  • parce que j'aime le sport et que c'est un fonds parfait pour traiter des liens entre sport et politique : le fonds Coba (Comité pour le boycott de l'organisation par l'Argentine de la coupe du monde de football de 1978) sur les mouvements de résistance à la dictature argentine,
  • le fonds De Felice, un avocat militant qui s'est fait connaître pendant la guerre d'Algérie en défendant les militants du FLN, mais qui s'est aussi, entre autres causes, intéressé à la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, ou à la défense du Larzac
  • sur la contre culture américaine au tournant des années 1970 : les archives de François Lasquin
  • les entretiens avec Adolfo Kaminsky, ce résistant spécialisé dans la confection de faux-papiers, qui continuera ce travail de faussaire pendant 30 ans pour différents mouvements de libération..
Je m'arrête là mais je pourrais continuer encore longtemps !


PC : Une petite question que l'on aime bien dans les interviews Point COMMUN : qu'est-ce que vous préférez à l'Université Paris Nanterre ? Un lieu que vous appréciez particulièrement ?

Julien :
Sans hésiter, son campus, ses installations sportives et culturelles qui permettent de se ressourcer... beaucoup plus facilement qu'aux Invalides !

Léone : Sa verdure et ses moutons.

Frédérique : La BU pour l’emprunt de romans et de DVD et la piscine...



Merci Julien, Léone et Frédérique d'avoir répondu aux questions de Point COMMUN, on a hâte de découvrir ce magnifique lieu de nos propres yeux !


 

Mis à jour le 10 novembre 2021