Héros et héroïnes du quotidien : projets lauréats du concours ALL-SHS

Valorisons l'entrepreneuriat dans les sciences humaines !

Publié le 16 novembre 2020 Mis à jour le 9 décembre 2020

Le concours "Une idée ! Un projet !", édition 2020, ouvert aux étudiant.e.s des filières Arts, Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sociales de l'Université Paris Nanterre a récompensé 5 projets d'étudiant.e.s de l'université, avec à la clé des prix de 500 € à 2000 €. Clara, Constant, Quentin et Thomas, gagnants du 1er prix nous présentent leur projet ainsi que Julien, 4e prix ex aequo !

Point COMMUN : Bonjour Thomas, Quentin, Constant et Clara ! Pouvez-vous nous présenter les membres de votre projet et leur parcours à l'université ?

Nous sommes quatre étudiant·e·s de l'École du Théâtre National de Strasbourg, partenaire de l'Université Paris-Nanterre. Nous suivons un double cursus entre le master Pratiques Théâtrales et l'École du TNS dans le cadre duquel nous assistons à des séminaires réguliers animés par Christophe Triau et Sabine Quiriconi, enseignant·e·s à l'université.

Pendant trois ans, nous apprenons en pratiquant dans un contexte semi-professionnel au sein de différents corps de métiers du spectacle vivant. Immergés dans la vie d'un théâtre, nous avons profité de l'occasion de travailler ensemble en parallèle de nos plannings respectifs. Le collectif se compose de Thomas Cany, éclairagiste et régisseur-créateur, Quentin Ehret, comédien, Constant Chiassai-Polin et Clara Hubert, scénographes et costumier·ère·s. Nous avons des parcours et des horizons multiples allant des écoles de design, des métiers d'arts, des conservatoires à des expériences professionnelles.

PC :
Parlez-nous de votre projet ! En quoi cela consiste-t-il et comment avez vous eu cette idée ?

Nous nous sommes rassemblé·e·s autour de l'envie de créer un théâtre écologique. Nous pensons que nous pouvons inventer de nouveaux outils et lieux de représentations en les intégrant de manière respectueuse dans un écosystème, urbain ou naturel. Nous souhaitons nous servir des contraintes induites par l'environnement comme un levier, une ligne directrice pour nos gestes artistiques. Il s'est rapidement imposé à nous la nécessité d'entreprendre une réflexion sur les énergies.

C'est pourquoi nous concevons l'hélio-projecteur, un outil modulable et éco-conçu visant à maîtriser des effets d'éclairage à partir des rayons du soleil. Nous partons de l'hypothèse que nous pouvons remplacer l'ampoule des projecteurs traditionnels par la lumière du jour. Nous devrons donc nous adapter aux aléas météorologiques et aux contraintes des espaces et du temps, en écoute de l'environnement et non plus en quête d'un contrôle où la technique prédomine sur lui.

Dans cet élan, nous voulons créer des scénographies mobiles et adaptées à leurs territoires d'insertion. Notre geste consiste à transformer directement l'outil sans ajouter d'intermédiaire énergétique (comme un panneau solaire ou une éolienne). Cette réflexion sur les énergies solaire et électrique est notre principal levier artistique car il s'agit d'inventer nos propres outils pour la création d'un futur spectacle.

PC : Que représente pour vous la victoire au concours ALL SHS et comment cela va-t-il vous aider à faire avancer votre projet ?

Cette victoire marque un premier pas vers notre idéal de théâtre écologique. Elle nous inspire un sentiment de reconnaissance et de confiance, en nous et en la viabilité de notre projet. Nous sommes résolu·e·s à le développer pour le transformer à plus grande échelle.

Au-delà de l'aide financière, ce prix est l'occasion de précieuses rencontres humaines. Pendant la soutenance, les membres du jury nous ont proposé d'engager un travail commun avec des étudiant·e·s et des chercheur·se·s. Nous pourrions approfondir la compréhension de nos outils au contact de spécialistes de l'ingénierie et des sciences optiques, lesquelles sont à l'origine de nos modes de perception, de nos moyens d'expression et de nos outils artistiques.

 Nous nous sentons plus légitimes dans nos recherches de lieux et de partenariats où s'établir et où développer la conception de l'hélio-projecteur (festivals, acteurs sociaux et territoriaux, etc.) Nous nous intéressons aussi aux industries de l'éclairage, qui pourrait nous conseiller et nous fournir de la matière première.

PC : On veut suivre le projet et vous encourager, comment faire ? (liens vers vos réseaux sociaux, contact...)

Nous sommes en train d'effectuer les démarches administratives pour fonder une association. Si la situation sanitaire le permet, elle devrait être fondée pour début décembre. Nous disposerons alors des moyens habituels pour que tout le monde puisse suivre et soutenir nos projets: réseaux sociaux, site internet, dons, adhésions. Chacun pourra, à son échelle, nous aider à diffuser le travail et à le soutenir. Sinon, on vous donne rendez-vous à l'été 2021 au Festival du Pescet en Dordogne, pour découvrir une première mouture de l'hélio-projecteur !


Merci d'avoir répondu aux questions de Point COMMUN et félicitations pour ce beau projet poétique et écologique !


Julien a gagné le 4ème prix du concours et a également accepté de nous parler de son projet !


Je suis Julien Abadie, je suis en Master 2 de Psychopathologie et Psychologie Clinique (approche psychanalytique), dernière année d'étude avant l'obtention du diplôme et du titre de psychologue clinicien.

L'idée de ce projet est une rencontre entre deux domaines qui me sont important l'art comme passion et la psychologie clinique comme vocation. De part mes études, plusieurs idées et réflexions m'ont amenés à penser : Comment l'art, à travers des oeuvres cinématographiques, vient faire écho aux troubles psychiques ?
J'ai alors conceptualisé un projet d'exposition autour de films à grand succès entretenant un lien avec la santé mentale via 3 thématiques. La première évoque les liens intéressants du film Black Swan à la schizophrénie, notamment la manifestation de certains symptômes. La seconde par le personnage complexe d'Arthur Fleck du film « Le Joker » illustre cette frontière floue entre un continuum normal et pathologique. La troisième thématique aborde par le film Shutter Island, la question des soins sous contraintes en psychiatrie, fréquemment associé à l'enfermement dans le cinéma. Cela a pour effet de renforcer une confusion déjà prégnante entre établissement de santé mentale et établissement carcéral.

L'idée est d'apporter un autre regard sur ces films, notamment aborder ce que le film vient illustrer explicitement ou non comme lien à la santé mentale par une lecture psychopathologique de l'oeuvre et d'éléments cliniques autour du personnage. J'envisage cette exposition comme un évènement divertissant mais également comme un temps de sensibilisation du grand public sur certaines idées reçues et stigmatisations que les personnes atteintes de troubles psychiques subissent encore aujourd'hui.

Être lauréat de ce concours est pour moi une belle récompense pour le temps passé à imaginer ce projet et l'envie de le concrétiser. Ce concours est pour moi une belle expérience pour allier envies et intérêts tant personnelles que professionnelles, mon projet est un travail de vulgarisation, de réflexions et d'écriture entre le domaine de la psychopathologie et l'art cinématographique. De plus, le fait d'être soutenu par les organisateurs de l'évènement et d'avoir un financement de l'université peut me permettre de porter mon projet avec des moyens, notamment pour l'impression de panneaux d'affichages pour l'exposition que je souhaites mettre à disposition, ouvert à tous.

Bravo Julien, on espère pouvoir admirer cette exposition prochainement à l'université, un projet qui sera peut-être aussi soutenu par la CAPE ?



Mis à jour le 09 décembre 2020