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Héros et héroïnes du quotidien : Emilia Sambor, étudiante à l'origine du projet Immunity et danseuse à l'Opéra de Paris
Etudiante à l’Université Paris Nanterre en Master 2 Théâtre, elle a monté sa compagnie d’éco-théâtre
Emilia Sambor est à la fois étudiante en 3ème année de LEA à l'UFR LCE et danseuse à l'opéra de Paris. A la suite du confinement, elle se lance dans un nouveau projet : créer un court métrage porteur d'espoir, mettant en scène des danseuses et danseurs, pour raconter ce que traverse la jeunesse et montrer que malgré tout, elle est toujours là. "Immunity" est né. Comment d'une simple idée arrive-t-on à un court métrage complet prochainement diffusé à l'université ? C'est ce que nous avons demandé à Emilia !
Arrivée en France à l’âge de 12 ans et diplômée à l’Ecole de Danse de l’Opéra national de Paris, je me suis lancée tout de suite dans le monde du travail et de la danse. Après avoir obtenu mon baccalauréat, je suis partie danser au San Francisco Ballet Company avant de rejoindre le Ballet de l’Opéra de Paris. Malgré d’avoir été distribuée sur de grandes productions classiques telles que le Lac de cygnes, Giselle, Don Quichotte et La Bayadère, pour être une artiste accomplie et inspirée j’avais besoin d’une nourriture intellectuelle. La poursuite de l’enseignement supérieur était alors une évidence. Mon but n’étant pas d’être seulement une « jolie petite danseuse en tutu » mais de poétiser le monde qui nous entoure, donner du sourire aux spectateurs, les sensibiliser. Et pour cela, j’avais besoin d’outils que l’université nous offre. Actuellement je suis en 3ème année de licence LEA Anglais-Allemand à l’Université Paris Nanterre.
Comment parvenez-vous à tout concilier ?
Je pense que c’est une question d’organisation et d’écoute de soi. J’essaie de respecter mes besoins nutritionnels, mon cycle de sommeil, sans oublier le yoga et la méditation qui m’ont sans exagération changé la vie. Je trouve que souvent nous sous-estimons leurs bienfaits et dans le Webzine Lumères n°8 La Fatigue il y a un article S’écouter, c’est se dépasser : comment gérer la fatigue chez un danseur ? où je décris les manières de prendre soin de soi tout en se challengeant au quotidien. Se connaître soi-même, son corps et ses besoins est essentiel pour être efficace tout en évitant un burn-out. Car concilier les devoirs et obligations, c’est aussi savoir dire « non ».
De plus, j’ai toujours aimé travailler sur de nombreux projets : les tournages, les shootings, les études et le monde du spectacle me font vibrer. Et je crois que d’avoir au moins une passion qui nous donne cette envie de quitter notre lit le matin, quoi que ce soit, mais une activité qui génère une vibration intérieure est essentiel. La conciliation vient donc naturellement car j’ai tout simplement envie de faire ces choses-là, elles me rendent joyeuse et accomplie et je pense que c’est ce qu’il faut chercher dans la vie, l’auto-accomplissement tout en se respectant.
Qu'est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le projet Immunity ? Qu'aviez vous envie de raconter et de déclencher chez les spectateurs ?
L’idée du projet ImmUnity est née l’été 2020. Avec l’arrivée du Covid, nos vies étaient chamboulées : la fermeture des lieux culturels, des écoles et les confinements successifs ont causé beaucoup de remise en question surtout chez les jeunes. Malgré que nous n’étions pas des médecins et ni des infirmiers, nous voulions aider à notre manière. Nous voulions redonner l’espoir, montrer que malgré notre jeune âge et les conditions difficiles il est possible de continuer d’agir, de créer et de changer le monde, chacun à sa manière. Nous sommes tous responsable à quoi ressemble le monde et la société d’aujourd’hui alors ce n’est pas en restant dans sa chambre à scroller sur TikTok qu’on va faire changer des choses. Le dernier acte du spectacle « ImmUnity » s’intitule justement Union/Action afin que les spectateurs deviennent les acteurs de leur propre vie et grâce à l’union et la solidarité arrivent à surmonter les obstacles, car au final nous visons tous le même objectif.
Quelles ont été les inspirations artistiques et les influences du projet ?
Pour être honnête ce sont des personnes nous entourant qui nous ont beaucoup inspiré. Chaque des 5 actes représente un scénario différent de la vie au milieu d’une pandémie : la perte d’un proche, un étudiant confiné, un amour défendu, des sorties interdites… Je pense que ce sont des œuvres de Crystal Pite qui m’ont inspiré le plus pour cette création, sans oublier la technique pure de la danse classique. Je pense qu’il est temps que la danse classique sorte des « cadres » et des clichés et aborde enfin des sujets proches de l’actualité et la réalité du 21ème siècle. Pour moi c’est un outil de transmission qui peut-être aussi fort et lisible que les lettres ou la peinture.
Comment se lance-t-on dans un tel projet ? Comment d'une idée, avez-vous abouti au résultat final ? Combien de temps, de personnes impliquées ? Et au final, quand le projet sort, que ressent-on ?
Une fois la chorégraphie bien structurée dans nos têtes, avec mon amie Justine Foiret nous avons commencé à chercher des subventions ainsi qu’une structure juridique afin de pouvoir concrétiser le projet. Les démarches administratives prennent souvent plusieurs mois alors je conseille de s’y prendre bien en avance et si possible déléguer la tâche afin de pouvoir se concentrer sur la partie artistique du projet. En parallèle, avec nos amis compositeurs nous avons crée des musiques et enfin nous avons pu organiser des auditions en distanciel pour les danseurs.
On a eu un immense coup de coeur pour l'Acte 5, magnifique conclusion à la belle oeuvre complète qu'est "Immunity". Comment s'est passée l'écriture du court métrage ? Avez-vous écrit les actes dans l'ordre ? Comment a été pensée et créée la musique ? Les chorégraphies ? Les costumes ? Avez-vous un acte préféré ?
Le but du spectacle était d’emmener le spectateur dans un voyage introspectif sur ce qu’il a vécu durant cette pandémie et lui faire prendre conscience de ce qu’il a appris. L’ordre des actes est venu très naturellement mais notre but était de garder un format court (18min) afin de s’adapter aux besoins des jeunes qui peuvent être rapidement découragé en voyant une vidéo de plus de quelques minutes. Nous voulions garder leur attention et donc aller à l’essentiel. Nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec deux compositeurs qui ont crée la musique en même temps que nous peaufinions notre chorégraphie ce qui est très rare dans les créations. Le choix des costumes était directement lié à l’ambiance et le message de chaque acte. Lors de l’introduction, les danseurs apparaissent en chemises blanches alors que dans l’acte Contamination nous avons tâché les costumes avec une peinture noire afin de montrer les points de contact avec les autres, les traces du virus. Dans l’acte 2 nous avons recrée une chambre d’étudiant confiné ressemblante à une cage, dans l’acte 5 pour accentuer encore cette synchronisation, cette symbiose des danseurs, nous avons choisi l’uniformité des costumes avec des combishorts couleurs chair, afin de montrer à quel point nous sommes fragiles seule, mais fort tous ensemble. Dans la chorégraphie, les danseurs en se soutenons peuvent danser et avancer dans la même direction. Il est difficile de dire lequel des actes me tient le plus à cœur car chaque partie a été très différente et l’échange avec des danseurs unique.
Quand on visionne le court métrage, on a instantanément envie de le voir sur scène ! Est-ce quelque chose qui a été envisagé ? Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous aurions adoré monter le spectacle ImmUnity une scène de théâtre, le partager avec un public même dans sa version plus longue. Les idées sont là, l’envie également et nous continuons nos recherches de salles, de studios et résidences. Ce qui est certain c’est que ce n’est que le début d’ImmUnity. Du 3 a 18 février nous organisons une exposition à la Maison de l’Etudiant sur le campus afin de partager les coulisses de la création. Le 17 février nous participons à la projection des court-métrages au Théâtre Bernard Marie-Koltès « CAPE ou pas CAPE » avec une partie des questions/réponses avec le public.
Je viens de lire cet article et j'ai envie d'en savoir plus et de vous suivre sur les réseaux, voire vous soutenir ! Est-ce possible ?
Le court-métrage est désormais disponible sur YouTube Nous serions heureux d’avoir vos retours soit dans l’espace commentaire soit par messagerie directe sur nos réseaux sociaux :
- Instagram @_imm_unity
- Facebook ImmUnity Dance project
Merci Emilia d'avoir répondu aux questions de Point COMMUN ! Retrouvez l'exposition IMMUNITY jusqu'au 18 février à la MDE et la projection du court métrage dans le cadre de CAPE ou pas CAPE 2, le 17 février au Théâtre Bernard-Maris Koltès !
Mis à jour le 11 février 2022
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Immunity à l'université
- Film : ImmunityUn projet d'Emilia Sambor et Justine Foiret
Tournage prévu à l'automne 2021-2022 Lire la suite