Anaïs Musseau : l'archéologue qui révèle ce qui se cache sous la forêt depuis plus de 2 000 ans.

« L’archéologie des paysages ne s’arrête pas à une période en particulier mais s’intéresse à l’évolution d’un espace sur le temps long. C’est justement l’une des richesses de cette discipline ! »

Publié le 18 septembre 2024 Mis à jour le 1 octobre 2024

Là, maintenant, tout de suite : vous êtes probablement chez vous, à l'université ou dans les transports. Mais qu'y avait-t-il, il y a 2 000 ans, à l'endroit où vous êtes exactement ? Un marais avec des roseaux ? Une ferme avec des enfants qui jouent avec les veaux ? C'est assez vertigineux quand on y pense : toutes ces strates de vie qui se sont succédées depuis la préhistoire.

Anaïs Musseau, chercheuse en archéogéographie est capable de le découvrir !

Pour la fête de la science, Pour la Fête de la Science, elle propose aux scolaires de se glisser dans la peau d'un archéologue pour découvrir ses outils et méthodes. Par exemple : les données LiDAR et des véritables carottes sédimentaires.

 
Sommaire :
 
L’équipe Point Recherche : C’est la troisième fois que vous contribuez à la Fête de la Science à l’Université Paris Nanterre. Merci !

Qu’avez-vous envie de transmettre au public non académique, de lui faire découvrir ? Qu’appréciez-vous dans cet événement ?



Anaïs MUSSEAU  : C’est toujours un immense plaisir que de participer à de tels évènements qui permettent de valoriser le fruit de plusieurs années de recherches et de faire découvrir un champ d’étude passionnant mais méconnu du grand public.

Participer à la Fête de la Science demande de l’investissement, mais c’est à la hauteur de l’enjeu de rendre la recherche et la science accessibles à tous ! J’apprécie particulièrement de mettre les scolaires dans la peau de chercheurs, de leur faire découvrir des méthodes et des outils scientifiques, de les inviter à construire un raisonnement et de les amener jusqu’à un résultat surprenant pour eux.


   


Point Recherche : Oui nous avons assisté à l'un de vos ateliers scolaires l'année dernière et effectivement les enfants étaient ravis d'être des chercheurs d'un jour. Et vous, personnellement, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous intéresser à ce sujet ? 

Anaïs MUSSEAU  : Je m’intéresse à l’archéologie depuis que je suis collégienne et j’ai naturellement décidé de suivre cette voie dans mes études supérieures. En licence, j’ai suivi des cours fascinants qui m’ont donné envie de me tourner vers l’archéologie des milieux humides ; la thèse que je mène actuellement me permet de poursuivre dans cette voie.

Si dans le cadre de la Fête de la Science, je m’attache avant tout à parler de la période gallo-romaine, mon travail au quotidien est en fait profondément diachronique ; l’archéologie des paysages ne s’arrête pas à une période en particulier mais s’intéresse à l’évolution d’un espace sur le temps long. C’est justement l’une des richesses de cette discipline !


Son animation scolaire de 2022 était dans le retour sur 2022 :


 

« Participer à la Fête de la Science demande de l’investissement, mais c’est à la hauteur de l’enjeu de rendre la recherche et la science accessibles à tous ! »

Anaïs MUSSEAU

 

Point Recherche : Archéogéographie, paléoenvironnement… vous utilisez des mots qui ne sont pas très familiers à nos oreilles ! Que signifient-ils ? En avez-vous d’autres à nous faire découvrir ?

Anaïs MUSSEAU  : 

→ Oui ! La technique du LiDAR
qui permet de cartographier le sol en 3D :
Les données LiDAR, au cœur de l’atelier que je propose pour les scolaires, sont obtenues par émission-réception de faisceaux de lumière depuis un appareil volant vers le sol. Elles permettent notamment de révéler les micro-reliefs de la surface du sol et donc les traces laissées par les anciennes occupations des territoires survolés (anciennes routes et limites de parcelles, bâtiments disparus…) !

→ Archéogéographie :
C'est une discipline assez nouvelle qui cherche notamment à comprendre l’organisation des paysages du passé et la transformation des espaces sur le temps long en étudiant les relations de l’homme avec son environnement. Elle s’intéresse notamment à la mise en place et à l’évolution des réseaux qui le structurent (routes et chemins, limites parcellaires…).

→ Paléoenvironnements :
Ce sont les environnements du passé. Ils peuvent être appréhendés à travers un très grand nombre de sources, méthodes et outils. Dans le cadre de ma thèse, je démontre par exemple grâce à des images LiDAR, des analyses de pollens, des datations mais aussi les données de fouilles archéologiques qu’une actuelle forêt domaniale normande abrite les traces d’un paysage agro-pastoral antique.





Point Recherche :  Décrivez nous votre unité de recherche ? Les thématiques transversales. Les collègues (ici ou ailleurs) avec lesquels vous travaillez .

Anaïs MUSSEAU  :  
J’appartiens à l’UMR 7041 ArScAn et plus particulièrement à l’équipe Archéologies Environnementales.

Elle regroupe plus de 80 membres permanents et associés, doctorants et post-doctorants rattachés à des spécialités très variées. Les trois principales thématiques qui structurent leurs recherches sont :
-    exploitation des ressources et des milieux
-    aménagement, structuration et temporalité des espaces
-    dynamiques sociétés-milieux


 
Suivre l'actualité de ses recherches ou prendre contact avec Anaïs MUSSEAU :

Linkedinlinkedin.com/in/anaïs-musseau-458462299
Son profil sur le site d'ArScAnarscan.parisnanterre.fr/membre/anais-musseau/
Son profil Academiau-paris10.academia.edu/AnaïsMusseau
Son profil Research Gateresearchgate.net/profile/Anais-Musseau
 

« En licence, j’ai suivi des cours fascinants qui m’ont donné envie de me tourner vers l’archéologie des milieux humides ; la thèse que je mène actuellement me permet de poursuivre dans cette voie. »

Anaïs MUSSEAU

 

Point Recherche : Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?

Anaïs MUSSEAU  : Tout ! La richesse de mon métier est aujourd’hui de pouvoir passer du temps sur le terrain, mais aussi d’analyser et interpréter les données collectées, d’écrire et de communiquer pour valoriser les résultats auprès de la communauté scientifique, d’enseigner ou encore de trouver des façons de rendre accessible le fruit de mes recherches au grand public à travers des conférences ou des ateliers…

Dans le cadre de ma thèse, j'ai aussi la chance de développer une approche diachronique et particulièrement interdisciplinaire. Je m'intéresse donc à toutes les périodes, à de nombreux domaines (géologie, archéologie, géographie, histoire…) et j'utilise des sources et outils très variés (cartes anciennes, données LiDAR, paléoenvironnementales ou archéologiques, archives…).


 

« L’archéologie des paysages ne s’arrête pas à une période en particulier mais s’intéresse à l’évolution d’un espace sur le temps long. C’est justement l’une des richesses de cette discipline !  »

Anaïs MUSSEAU

 

Point Recherche : C’est notre petit instant « Rainer Maria Rilke » ! Quels conseils donneriez-vous à un·e jeune qui s’intéresse à votre domaine de recherche ?

Anaïs MUSSEAU  : Qu’on parle d’archéogéographie ou d’archéologie en général, je lui conseillerai d’abord, et même si cela peut paraître impressionnant, de ne pas hésiter à aller vers les professionnels du milieu, bien souvent très accessibles et ravis à l’idée de pouvoir aider, guider, partager des idées de lecture, des conseils ou des contacts pour donner un coup de pouce à un jeune motivé.

Ensuite, je lui conseillerai de ne pas se limiter à une voie pour arriver à ses fins. L’archéologie est un domaine accessible par bien des façons tant il existe de spécialités… Commencer par une licence en archéologie reste en revanche un atout, elle permet d’avoir une base solide et de justement découvrir la richesse de toutes les disciplines archéologiques.

Enfin, il n’y a pas de secret : il faut être motivé, passionné et se mettre au travail !



 

« […] même si cela peut paraître impressionnant, […] ne pas hésiter à aller vers les professionnels du milieu, bien souvent très accessibles et ravis à l’idée de pouvoir aider, guider, partager des idées de lecture, des conseils ou des contacts pour donner un coup de pouce à un jeune motivé »

Anaïs MUSSEAU

 

 

 
 
 
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Mis à jour le 01 octobre 2024