Héro·ïne·s du quotidien : On a rencontré le Collectif Féministe Intersectionnel de Nanterre (COFIN)

Une nouvelle association à l'Université Paris Nanterre

Publié le 30 octobre 2019 Mis à jour le 6 novembre 2019

Créé en septembre 2019, l'association "Collectif Féministe Intersectionnel de Nanterre" (COFIN) a déjà connu plusieurs succès. C'est notamment grâce à elle (et avec le soutien du service RSU-DD et de l'université) qu'une distribution de protections périodiques éco-responsables gratuites de grande ampleur a pu être mise en place dès la rentrée. Une opération qui a par la suite intéressé de nombreux médias et inspiré d'autres établissements d'enseignement supérieur. Qui se cache derrière cette association, comment a-t-elle été créé et quels sont ses futurs projets ? Ce sont les questions posées par l'équipe de Point COMMUN à Julia, présidente de l'association. Merci Julia d'avoir participé à cette interview !

Point COMMUN : Pouvez-vous vous présenter, en quelle formation êtes vous à l'Université Paris Nanterre, et quel est votre rôle dans l'association ?

Julia : Je m'appelle Julia, j'ai 21 ans, je suis non-binaire et franco-brésilienne. Je suis étudiante à Nanterre depuis septembre 2018 et suis maintenant en troisième année de licence de philosophie et sciences humaines. Je suis présidente du COFIN.

Pouvez-vous nous présenter le COFIN et son fonctionnement ?
Le bureau de l'association COFIN Le bureau de l'association COFIN

Julia : Le COFIN est une association féministe intersectionnelle et matérialiste. Intersectionnelle car nous prenons en considération les dédoublements de discriminations qu'une personne peut subir de par ses circonstances sociales ; Matérialiste car nous faisons particulièrement attention aux conséquences matérielles que le sexisme (dans toutes ses différentes formes) peut avoir, comme par exemple les questions de précarité menstruelle.
Pour expliquer le fonctionnement de l'association, il faut déjà commencer par expliquer mon rôle en tant que présidente. Nous cherchons à briser les organisations hiérarchiques, trop souvent fondées sur des rapports de pouvoir inégaux et injustes présents dans notre société. En tant que présidente, je suis donc là surtout pour soutenir cette horizontalité recherchée. Plus concrètement, l'association est organisée en 3 pôles : événementiel, communication et formation. Chaque pôle a sa/son chef.fe, qui a un rôle analogue à celui de la présidente, c'est à dire la centralisation des informations, le soutien et le partage de la parole. Chaque membre choisi le pôle de son intérêt, le premier est plutôt lié à la gestion de projet, le deuxième à la communication interne ou externe et le dernier donne une direction à l'association, en enrichissant nos connaissances, en nous faisant découvrir des nouveaux enjeux, en proposant des thèmes ou des projets.
Les pôles s'organisent donc indépendamment les uns des autres mais les décisions sont prises en groupe et guident le travail futur de chaque pôle.

L'association est très récente, comment s'est passé son lancement, et pouvez-vous nous parler de vos premiers projets (et même premiers succès, bravo à vous !) ?

Julia : 
Oui, en effet l'association est récente. Nous avons le statut d'association depuis septembre seulement. Cependant, le début de nos actions datent d'octobre 2018. Le collectif a surgi grâce au référendum « Pour une université féministe » organisé par l'UEC (Union des Etudiants Communistes). Une trentaine de personnes se sont réunies lors d'une réunion qui avait pour but de décider les revendications qui seraient soumises au vote, et au sein de celles-ci, une bonne quinzaine (dont moi!) sont devenues membres du collectif. Le référendum a rassemblé plus de 2000 votes. Nous avons continué nos actions par nous-mêmes en organisant des conférences et une assemblée générale en mixité choisie (sans hommes cisgenre) au long de 2018.
Pour la rentrée, nous avons fait les démarches pour devenir une association et avons commencé l'année par la distribution de protections périodiques éco-responsables en partenariat avec la mission égalité femme-homme et non discrimination de l'université. La distribution a été un franc succès, avec la distribution de presque 2000 kits aux étudiant.es. Cette distribution faisait d'ailleurs partie des revendications du référendum. Grâce au rayonnement de cette action nous avons rencontré beaucoup de personnes intéressées par l'association. Notre réunion de rentrée, qui a eu lieu le 16 octobre, s'est très bien passée, avec une soixantaines de participant.es. Nous avons recruté des nouveaux.lles membres et avons hâte de continuer nos projets avec elleux.

C'est une association assez engagée, qu'est ce que cela représente pour vous ? Quels genre de projets rêveriez-vous de mettre en place avec l'association ?

Julia : 
Effectivement c'est une association très engagée, ce qui représente à la fois un défi et un espoir. C'est un défi car nous sommes toujours en questionnement, nous cherchons toujours à comprendre quels sont les rapports de pouvoir ou les inégalités sociales que nous pouvons nous-mêmes reproduire. Le fait de se remettre en question est au coeur du féminisme. Donc si nous cherchons à mettre en pratique nos valeurs, cela passe par une approche critique de nos actions, de notre parole, de notre pensée. Mais c'est évidemment et surtout un grand espoir. L'association est un levier à travers lequel on peut avoir une marge d'action sur la société, ou dans ce cas, sur l'université. L'association représente un lieu de liberté, d'ouverture de parole pour les concerné-es, un milieu d'apprentissage ainsi qu'un moyen de s'unir pour mener la lutte de façon conjointe. Nous avons certains projets qui sont plus audacieux, plus difficiles à réaliser, mais qui font absolument partie de nos perspectives à long terme. Le principal, voté lors du référendum, est celui de l'ouverture d'une crèche à l'université pour les usager.es. Cela permettrait donc aux femmes qui ont ou qui voudraient avoir des enfants de commencer ou continuer leurs études ou même aller travailler pour les membres du personnel sans avoir à trouver des solutions pour la garde des enfants. Nous aimerions également mettre en place un cours d'introduction aux questions de genre dès la L1, accessible à tou.tes, voir obligatoire, pour pouvoir lutter contre le sexisme chez les étudiant.es le plus tôt possible.

Quelles sont vos ambitions pour cette année ? Quelles sont les prochaines actions prévues ?

Julia : 
Nos ambitions cette année sont déjà d'affirmer notre présence sur le campus de Nanterre, de devenir un lieu safe pour les personnes qui auraient besoin de parler de thèmes souvent tabou dans notre société, de montrer qu'il existe une force qui soutient des victimes de violences sexistes et sexuelles, de racisme, d'homophobie, de transphobie etc. De plus, nous voudrions avoir un impact sur les conditions matérielles des femmes et personnes trans, avec par exemple l'accès libre et facile aux protections menstruelles en cas de nécessité. Notre prochaine action est en partenariat avec l'UCPH (une couverture pour l'hiver), une association qui fait des collectes et des maraudes pour les personnes sans abris. Elle aura lieu le 7 et le 8 novembre et consistera en une collecte d'aliments, habits, produits d'hygiène et protections menstruelles pour les femmes sans-abris. L'initiative a lieu sur plusieurs campus des universités de Paris. Ensuite, nous préparerons le 25 novembre, journée de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Ndlr : L'Université Paris Nanterre organise également un événement le 20 novembre à la Bibliothèque Universitaire.

Vous m'avez convaincu·e : j'ai envie de rejoindre le COFIN, est-ce possible ? Comment faire ? Où peut-on vous suivre ou vous retrouver ?

Une première réunion d'information réussie ! Une première réunion d'information réussie !
Julia : Ça serait génial !
Il est possible de rejoindre l'association, il suffit de nous contacter et nous vous inviterons à la prochaine réunion pour parler de nos actions. Les contacts se font soit par mail, facebook, twitter ou instagram. Nous n'avons pas de locaux donc pas de permanences, mais il est toujours possible de nous retrouver lors d'une de nos actions sur le campus.

Facebook : COFIN – Collectif Féministe Intersectionnel de Nanterre
Twitter : @COFINnanterreU
Instagram : @co_f_i_n
Mail : collectif.feministe.nanterreu@gmail.com

Une petite question que nous posons à chaque interview : qu'est ce que vous préférez à l'Université Paris Nanterre ?

Julia : 
Ce que nous préférons à Nanterre est le fait d'étudier et de militer dans un grand campus qui donne une sensation, qui est en fait assez proche de la réalité, d'être dans une petite ville.
C'est comme un microcosme où nous sentons pourrons avoir un vrai rayonnement, toucher les personnes concerné-es par nos luttes, et un jour changer le quotidien des femmes, des personnes transgenre, des personnes racisées qui fréquentent le campus.

Un petit message à faire passer à notre communauté universitaire ?

Julia : 
Si vous cherchez à vous engager, que le féminisme vous tient à coeur et que vous avez envie de vous remettre en question ainsi que réclamer vos droits, rejoignez-nous ! Si vous avez besoin de soutien, si vous avez subi des violences sexistes et sexuelles ou si vous n'en pouvez plus du sexisme quotidien, sachez que vous n'êtes pas seul.es. Le COFIN est présent sur l'université et nous nous adaptons aux besoin des personnes que nous cherchons à représenter. N'hésitez jamais à nous contacter, nous sommes là pour tout.es !

Merci Julia d'avoir répondu aux questions de Point COMMUN ! Nous vous souhaitons de continuer dans cette belle lancée pour vos projets futurs !


Mis à jour le 06 novembre 2019